Le gouvernement a annoncé une ouverture du
capital de La Poste dès 2010, l’objectif serait de préparer l’entreprise de
service public à l’ouverture à la concurrence en 2011. L’Etat garantit que
l’ouverture aux capitaux privés ne pourra excéder 50%, cela afin de garder le
contrôle sur un secteur au cœur des préoccupations des Français.
Cependant, par le passé la
privatisation de France Télécom a montré la voie. En effet, l'Etat ne
détient aujourd'hui plus que 23% de France Télécom. La gestion des ressources humaines s’est révélée
désastreuse et la médecine du travail ne peut que déplorer la catastrophe
humaine, c’est un profond mal-être qui touche les employés qui se traduit par 7
à 8 suicides par an, les médecins s’inquiètent de l’accroissement du stress, du
désarroi et des troubles anxio-dépressifs. Certains ont décrit France-Télécom
post-privatisation comme une véritable machine à broyer.
Car au-delà de la question financière et
concurrentielle utilisée pour justifier l’ouverture de capital, c’est la
dimension humaine du fonctionnement de La Poste qui est en jeu. D’une part, La
Poste représente un service public historique avec un rôle primordial auprès de
populations parfois isolées. Dans le contexte d’une population vieillissante, si
les agences des petits villages devaient fermer, les habitants seraient un peu
plus marginalisés, il est simple d’imaginer les conséquences sur les personnes
âgées dans l’incapacité de se rendre en voiture dans le pôle urbain le plus
proche… La fermeture d’agences
participerait en outre à accentuer la dépendance des populations rurales
vis-à-vis de leurs véhicules dans un contexte où le respect de l’environnement
est devenu une préoccupation légitime.
D’autre part, c’est l’approche des ressources humaines de l’entreprise qui est
à considérer, une gestion plus orientée vers le respect des personnes que celui
des chiffres.
Une ouverture du capital de La Poste ne
peut être envisageable qu’à travers la condition de garantir un service au
moins égal à celui actuel, que ce soit au niveau de l’offre, des tarifs ou dans
l’activité de service de proximité. De plus, il faut absolument éviter de
reproduire la catastrophe humaine qu’a engendré la privatisation de France
Télécom, cela passe par une application respectueuse des normes de la RSE
(Responsabilité Sociale des Entreprises). Le mauvais stress, les maladies qui
en découlent, les suicides liés à l’activité professionnelle sont inacceptables.
A l’origine, l’activité professionnelle est un moyen de subvenir à ces besoins
et à ceux de sa famille, c’est un moyen de s’épanouir dans la société et non
une activité destructrice. Dans une relation socialement responsable c’est
l’intérêt de chacun qui est favorisé, aussi bien du salarié qui est mieux considéré mais
également celui de l’employeur qui gagne des travailleurs plus motivés, plus
heureux et plus performants.
Etant donné le poids de La Poste (280 000
salariés, 17 000 bureaux de poste),
ce n’est pas simplement une problématique à l’échelle d’une entreprise qui se
dessine, mais bien une question à l’échelle de la nation. Il est certain qu’il
faut absolument protéger les Français et particulièrement les salariés dans ce
processus de changement de statuts, mais il faut être conscient que le plus
grand danger ne réside pas seulement dans la restructuration et les plans
sociaux, une grande partie de la menace est plus insidieuse et il faut
s’intéresser au management qui a sévit au sein de France Télécom après la
privatisation . Des manœuvres plus vicieuses et des comportements vecteurs de
tensions et de stress qui ont de lourdes conséquences psychologiques, comme en ont
attesté les professionnels de la santé.
Au total, il faut rester vigilant et exiger des garanties quant à l’avenir de La Poste, une catastrophe humaine pèserait lourd sur notre société et une pérennisation de notre assurance maladie passe aussi par une réduction des coûts liés aux dérives qui entourent le monde du travail. En effet, les coûts liés au stress représentent 3 à 4% du PIB de nos pays industrialisés soit 60 milliards d’euros pour la France, soit une somme suffisante pour combler miraculeusement le « trou » de notre sécurité sociale.
Farid ECHEIKR
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