L’Union
Européenne, malgré les difficultés qu'elle rencontre pour se finaliser, demeure une chance pour notre pays, mais elle exige de nouvelles
perspectives, particulièrement dans sa dimension sociale pour réussir. Nous devons favoriser le développement d'un sentiment fort d’appartenance et de solidarité européenne.
Pour faire le poids dans
l’ordre mondial face à des géants avérés ou en devenir, l’Europe est
aujourd’hui une évidence, cependant l’union est victime de désamour,
l’idée européenne a perdu en popularité, les peuples européens n’ont
pas pu saisir l’enjeu de la construction européenne. C’est comme si
politiciens et citoyens avaient évolué dans une Europe différente.
Actuellement, audacieux est celui qui affirme que les peuples des pays
membres se sentent européens autant que citoyen de leur nation propre.
Or ce faible sentiment d’appartenance à l’Europe est symptomatique des
successifs échecs référendaires. En réalité malgré ses indéniables
bienfaits économiques tout au long de ce demi-siècle de construction,
l’UE est perçue de manière largement négative par les masses. Cela
s’explique d’une part par la stigmatisation des dirigeants et des média
qui ont aimé faire porter à l’Europe tous les maux de notre nation.
Les citoyens des pays de la zone ont besoin de ressentir au quotidien
les bénéfices d’une union forte et pleine d’espoir. Nous avons déjà
offert notre souveraineté monétaire à la Banque Centrale Européenne,
permettant de créer une monnaie performante en termes de stabilité et
de confiance, mais la politique monétaire de la BCE a le défaut de ne
s’intéresser qu’à ces objectifs, délaissant contrairement à la Fed
américaine les objectifs de plein-emploi et de croissance économique.
Aujourd’hui la politique monétaire de la BCE joue de son rôle
prépondérant, en ne se coordonnant pas avec les politiques budgétaires
menées par les gouvernements nationaux. Ce manque de coordination,
justifié par l’objectif sacré de lutte contre l’inflation, met la zone
en difficulté en cas de chocs asymétriques (crises qui ne touchent
qu’un pays ou qu’une région), en effet les économies européennes sont
très hétérogènes et la conjoncture ou les événements mondiaux ne
touchent pas tout le monde de la même manière.
La création d’un véritable budget européen, au poids conséquent, serait
une nouvelle étape dans l’approfondissement de la zone. Le budget est à
l’heure actuelle anecdotique : ne représentant que moins de 2% du PIB
européen. Ce budget européen serait un moment significativement fort,
les européens contribueraient directement à l’impôt et verraient ainsi
leur sentiment d’appartenance renforcée et incarné concrètement. De
plus l’utilisation fédérale de ce budget permettrait dans une certaine
mesure de mutualiser les économies de la zone, développant à l’échelle
européenne la solidarité entre citoyen d’une même entité : l’UE. Cela
permettrait également une meilleure coordination avec la politique
monétaire de la BCE et donc une croissance optimale et plus
harmonieuse, qui profiterait à l’ensemble des citoyens européens, qui
pourraient enfin voir leur destin concrètement lié.
Il faut clairement que chaque citoyen européen soit convaincu dans les
faits des bénéfices apportés par la construction de la zone, les
lacunes à combler en termes de constructions sociales seront
déterminantes. En effet, le social a longtemps été relégué au second
plan et subordonné à la réalisation du marché commun : les
réglementations sociales ne servaient qu’à optimiser le fonctionnement
du marché. C’est tout un aspect de l’idée européenne qui jusqu’ici a
été délaissé, au profit de l’économique. Les finalisations du marché
commun et de la politique européenne sont certes essentielle, mais
prendraient toute leur signification dans une Europe sociale
harmonieuse et vertueuse.
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