Etat des lieux
Les ventes de disques s’élevaient à 1302 millions d’euros en 2002, en 2007 la SNEP annonce un chiffre d’affaire réduit à 713 millions d’euros, dont seulement 50 millions d’euros pour la musique numérique. Et les résultats de l’année 2008 devraient, selon les estimations récentes, confirmer la tendance à la baisse. Comment expliquer une telle baisse des revenus liés à la vente de supports musicaux ? Car en effet paradoxalement, les usagers consomment dans les faits de plus en plus de musique et les revenus liés aux concerts et diffusions publiques (TV, radio,…) ne cessent d’augmenter. Le téléchargement illégal est souvent pointé du doigt comme grand coupable de la baisse des ventes de supports musicaux. Avec l’essor des connexions internet, télécharger et écouter rapidement n’importe quel artiste est d’une grande simplicité pour quiconque possède un abonnement internet. En quelques clics, même un internaute fraichement initié a accès à un catalogue musical inégalé, et cela sans se déplacer. Au-delà de l’aspect technique simple et rapide du téléchargement, il y a surtout la dimension économique, puisque nombreux internautes ont pu constituer illégalement des médiathèques qui équivaudraient légalement à des centaines, voire des milliers d’euros. Les artistes téléchargés ne sont donc pas récompensés à la hauteur de ce qu’ils sont écoutés et une partie de leur travail et de leur création artistique n’est donc pas rémunérée. Cependant, il est intéressant de se demander si justement la mise à disposition sur internet des œuvres musicales n’a pas permis à ces artistes de toucher un public aussi large et de savoir si effectivement ce public aurait bel et bien acheté ces œuvres si elles n’avaient été disponible que commercialement. La problématique réside dans le fait que d’une part, il est incontestable que les artistes en tant que créateurs et vecteurs de la culture doivent être rémunérés en conséquence. D’autre part, il est moralement dérangeant que l’éventail culturel ouvert à chacun, soit proportionnel à sa contrainte budgétaire, car en effet la musique au-delà de sa valeur mercantile, a également un impact socioculturel. La réponse du gouvernement. Avec la Loi Création et Internet, le gouvernement ne répond en rien aux problématiques qui entourent réellement et concrètement la question du piratage, à savoir la rémunération des créateurs, la mise en place d’une offre de téléchargement légale et satisfaisante, l’accès à la culture,... Le projet purement répressif, récemment adopté par le sénat, est une vraie négation de la réalité des internautes et des artistes et n’a pas conscience qu’un retour des consommateurs aux formes anciennes de distribution est très clairement impossible. De plus, le dispositif que portera la Loi cumule les handicaps lourds de sens et de conséquences : - Techniquement irréalisable. - Liberticide : violant la présomption d’innocence et la confidentialité des données personnelles. - Un coût annuel estimé à 30 millions d’euros rien qu’en termes de fonctionnement, sans pour autant créer de rémunération supplémentaire pour les artistes. - Contraire aux règles européennes, jusqu’à l’intervention du Président N. Sarkozy. Au lieu de trouver des solutions adaptées aux nouvelles technologies et au nouveau comportement des consommateurs, qui concilierait à la fois les intérêts des artistes, des consommateurs, ainsi que des fournisseurs d’accès eux aussi grands perdants du système. On préfère criminaliser les internautes, pensant que la menace et la contrainte suffiront à transformer une nouvelle manière de consommer la musique, qui s’est solidement ancré dans les mœurs depuis maintenant une dizaine d’années. Ce qui n’a pas été compris par les législateurs, c’est l’évolution du monde de la création et des nouveaux moyens de consommation de la culture. De plus, dans ce dispositif, les artistes ne sont pas pour autant pris en considération, la loi ne prévoit aucune nouvelle rémunération. En effet, la Loi « Création et internet » n’est en réalité qu’un organe dédié à la surveillance, à la répression et à la criminalisation de tous les internautes, dont les moindres faits et gestes sur internet seront filtrés sous couvert de lutte contre le piratage. Mesure qui restera inefficace, puisqu’il est évident que techniquement, de nouvelles méthodes permettront de dépasser les contraintes de la Loi. Au final, les artistes ne seront pas plus justement rémunérés, les internautes criminalisés et les fournisseurs d’accès pris en otages. Tout cela enveloppé dans des sommes de fonctionnement faramineuses. Ma solution : Avec la loi Création et Internet et la mise en place de l'Hadopi, le gouvernement nous montre une fois de plus que les intérêts des puissants et des plus riches passent avant l'intérêt général. Cette loi offre un nouveau prétexte pour exploiter de la manière la plus intrusive nos données personnelles. Donner le pouvoir de surveiller la totalité de notre activité et de nos échanges sur la toile, sous le seul prétexte de la lutte anti-téléchargement.
Encore une fois, un voile de fumée opaque vient obscurcir la problématique réelle et les vrais enjeux.
Parce que les internautes ne sont pas des délinquants, que la culture doit être accessible à tous, mais aussi et surtout parce que les artistes doivent légitimement trouver une rémunération dans leur travail et leur création artistique, voici la solution technique élaborée par Farid ECHEIKR:
-Une redevance à hauteur de 2 euros par internaute et par mois. Avec plus de 21 millions d'utilisateurs raccordés au haut-débit, cela représente une manne de près de 500 millions d'euros par an pour notre seul territoire.
-Un serveur d'hébergement sur lesquels les propriétaires d'oeuvres musicales déposent l'intégralité de leur catalogue dans une qualité optimale.
-Un accès rapide et illimité à ces serveurs de téléchargement, pour tous les internautes dont la connexion est fournie par un fournisseur d'accès (FAI) français, afin d'obtenir grâce à un outil statistique précis des chiffres du téléchargement en accord parfait avec la réalité.
-Un organisme paritaire et transparent récolte la manne de 500 millions d'euros et la répartit entre les artistes grâce à la précision des données statistiques fournies par le serveur de téléchargement.
Le modèle a de nombreux avantages:
-Il crée une nouvelle source de revenu pour les artistes: 500 millions d'euros qui s'ajoutent aux ventes matérielles et concerts.
-Un moyen pour les jeunes artistes et les petits labels souvent téléchargés sauvagement, de rapidement récolter les fruits de leur labeur, un moyen donc de dynamiser et favoriser l'émergence de nouveaux talents.
-Un accès pour tous à la culture. Et la fin de la criminalisation des internautes.
A terme le modèle s'étendra à de nouveaux médias et aura pour objectif le déploiement à travers toute l'Europe du système.
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